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Conclusion

Une majorité de personnes ayant répondu au questionnaire sur le devenir du métier de pilote de ligne croient qu’un avion avec passagers et sans pilote à bord volera dans les 20 ans (2034).

 

Cette opinion est corroborée par un nombre significatif de prévisionnistes scientifiques qui voient l’avenir de l’humanité sous le contrôle généralisé d’automates en tous genres, interconnectés et assistés par l’intelligence artificielle.

Déjà les automatismes des avions sont plus performants que les pilotes en termes de précision et de fiabilité, et conviennent parfaitement pour gérer les situations nominales qui occupent la majeure partie des vols.

Ainsi, à partir de la décennie 2030, la prochaine génération d’avions prévue pour remplacer les vieillissants Boeing 737[1] et Airbus 320 sera peut-être celle de l’avion sans pilote. Et dans ce marché très convoité, un autre constructeur pourrait bien remettre en cause le duopole Airbus/Boeing.

La principale difficulté sera de gérer des évènements exceptionnels à distance ou à bord par un automate. Même si la plus-value du pilote n’est plus qu’à la marge, sa présence à bord reste indispensable pour la gestion de situations imprévues et imprévisibles, inévitables dans un système complexe. En effet, un cumul de pannes, ou un évènement inattendu que les concepteurs de logiciels n’auraient pas envisagé, peut nécessiter de l’imagination et une improvisation, dont l’intelligence artificielle n’est pas dotée contrairement au pilote entraîné.

Face à la pénurie annoncée de pilote, le basculement vers l’avion sans pilote risque d’être plus rapide. Si l’industrie n’est pas prête, le changement se fera en passant par un seul pilote à bord.

Les passagers seront prêts à monter dans un avion sans pilote lorsqu’ils auront la certitude que leur sécurité sera meilleure avec un automate qu’avec un humain.

 

Cependant la communauté de destins qui lie actuellement les passagers aux équipages garde tout son sens, puisque ces derniers acceptent de « donner leur vie » pour garantir celles de ceux qui paient pour voyager en toute sécurité et qui ont confiance dans l’humain protecteur qui partage les mêmes risques qu’eux.

 

Ce n’est que par cet engagement total pour la sécurité, dans le sens le plus altruiste du terme, leur « Highest Duty » (Sully), autrement dit, leurs capacités à faire face efficacement et avec courage aux situations les plus inattendues que les pilotes resteront à bord.

 

Pour assurer leur cohésion et leur sauvegarde, les sociétés humaines ont encore besoin d’actes héroïques et de sacrifices, ces valeurs chevaleresques qu’incarne encore ce métier emblématique dans l’imaginaire collectif[2], et que les hommes sont en droit d’attendre de leurs responsables pour que leur destin reste toujours entre leurs mains.

 

 

* * *

 

[1]En 2030, le B737 aura 63 ans et l’A320 43 ans.

[2]. Les dirigeants qui « pilotent » leurs entreprises, villes, régions, pays, se sont approprié une partie du vocabulaire aéronautique. Expressions consacrées : « faire, réussir un décollage ou un atterrissage », « piloter à vue », « mettre le pilote automatique », « tenir les manettes », « être sur un siège éjectable », « se prendre un missile », « exploser en plein vol », « se faire descendre en flammes », « un parachute en or », « silence radio », « Y a-t-il un pilote dans l’avion, aux commandes ? », etc.

2018 Par Alexandre AUBIN

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